La politique, en tant que processus d’organisation
est présente dans toutes les activités humaines. Les discours prennent donc une place importante
dans le processus d’organisation des collectifs humains.
Cependant, aujourd’hui, dans le langage commun, la politique c’est avant tout cette
arène politique ou s’affrontent différentes personnalités pour leurs propres intérêts.
Même si la gauche et la droite sont des outils conceptuels utiles, une approche par la volonté
individuelle pour la droite, et une approche déterministe du collectif pour la gauche,
notre gouvernance actuelle n’est qu’un game politique, ou les intérêts et la notoriété
prime sur le bien commun.
Les comportements compétitifs et le spectacle prime sur l’aspect
profondément pratique et collaboratif de la politique.
Dans ce jeu rhétorique, cette joute médiatique, les discours sont alors des illusions nécessaires
pour justifier notre système de société. Quel discours pouvons nous alors adopter,
pas seulement pour remporter le game politique, mais pour le détruire et le dépasser. Nous allons commencer par la critique d’un
argumentaire utilisé depuis longtemps, et utilisé par la gauche dans les luttes ouvrières,
celui du progrès. L’espérance d’un futur, promesse d’un
meilleur qui naîtrait avec la Révolution française. Le concept de progrès est forgé
avec le développement des sciences et de la technique de cette époque. Ce développement
est abordé comme une loi de la nature, une avancée qui traverse les époques, c’est
le progrès technique Par analogie avec l’amélioration technique, qui va de pair avec les avancées
scientifiques de cette période, l’humanité serait déterminée a toujours plus de progrès
au sens large.
L’on venait de tracer une ligne dans l’histoire.
La critique du progrès n’est pas uniquement celle de la technique et des leurres qu’elle
pourrait produire, mais aussi celle de cette conception de l’histoire
semblable à une volonté divine, à une raison supérieur. Edgar Quinet, en 1857, critique
la floraison d’histoires de France qui se ressemblent toutes pour n’avoir pour visée
que de présenter le système parlementaire comme incarnation du progrès politique. « Les
historiens ont expliqué les ères antérieures comme une préparation de cette ère nouvelle.
Tout dans le passé leur a semblé graviter vers ce présent qu’ils jugeaient indéfectible.
C’était le fil avec lequel ils traversaient le moyen âge et les temps modernes (…) »
Cette manière de considérer certaines constructions sociales, comme points d’aboutissement inégalés
et inégalables de l’idéal progressiste amène d’ailleurs beaucoup de gens a voir
l’état comme une structure éternel auquel on ne peut pas échapper.
Mais l’état n’est
qu’une organisation parmi d’autres dans l’histoire de l’humanité, de nombreux
humains vivent sans états et même selon Pierre Clastres, les natifs américains ont
dans leurs organisations des principes qui empêchent justement sa formation. Cette concentration
des pouvoirs qui serait de plus en plus large au fil de l’histoire est tout à fait de
l’ordre de cette notion de progrès. Mais cela n’a rien de « naturelle », c’est
une construction social. Puis cet argumentaire est repris pendant les
révolutions industrielles, par la gauche. C’est avec cette flèche du temps et ce
futur forcément meilleur qu’il faudrait lire la lutte des classes. Des dominés, par
des dominant, qui se libèrent pas à pas dans l’histoire.
Et la bonne nouvelle, c’est
qu’on n’arrête pas le progrès. Les avancées techniques progresseront donc, et produiront
aussi des avancées morales et politiques, naturellement.
Walter Benjamin s’est insurgé contre une histoire qui adhère à cette notion de « progrès
indéfectible », il bataille avec les communistes allemands et leur conception du matérialisme
historique, qui n’a rien de matérialiste car l’histoire y est traversée par l’idée
de progrès, avec sa trajectoire supérieure. Il bataille avec l’optimisme de ses interlocuteurs
à un moment où le pire est en train de se réaliser sous leurs yeux, mais où ils persistent
à croire que les progrès techniques, y compris soviétiques, vont conduire à l’émancipation.
Tout ceci constitue un Mythe du progrès, avec son approche de la nature, de la société
et même du temps.
Ce mythe n’est pas juste une histoire parmi d’autres, il a une fonction
dans le processus politique, il permet de justifier une nécessité matériel, le mythe
c’est simplement le discours que se donne l’oppression. C’est toute une lecture,
une explication du monde. Ce techno-progressisme, cette croyance que
la technologie amène, par essence, le progrès, ne fait que cacher un productivisme que les
régimes communistes on en commun avec le capitalisme, à travers un capitalisme d’état.
C’est une promesse qui ne profite finalement qu’a la classe dirigeante.
Ce mythe voile
et légitime, enchante même, toute la violence que nous subissons dans le monde du travail,
flexibilité, productivité, entre autres. La technologie ne nous sauvera pas, il est
complètement crédule de croire qu’une nouvelle super technologie pourraient nous
sauver du réchauffement climatique ou de la disparition de la biodiversité. C’est
balayer toutes les problématiques dans un acte de foi qui ne nous protégera pas de
l’effondrement de notre écosystème. Le progrès technique et le progrès politique
ne sont pas liés. Il ne suffit pas de créer le revolver, l’imprimerie, ou internet pour
que ces technologies libèrent le monde.
Mais si cette illusion persiste, c’est bien parce
qu’un cadre mythique justifie cette corrélation, un cadre qui serait supérieur, carrément
transhistorique. J’ai déjà évoqué la vision du temps
linéaire qu’implicite le progrès. L’humanité serait voué à se réunir, de plus en plus,
se réunir à travers une centralisation qu’incarne l’état. Ce serait de l’ordre de l’essence,
de la nature de l’humanité. Toute l’humanité serait voué à se regrouper et à ne faire
qu’un à travers un certain universalisme qui fait de chacun l’équivalent d’un
autre. Ce mythe du progrès permet de justifier la
gestion omnisciente de l’état. Gestion pour la gouvernance productiviste et omnisciente
pour la centralisation des savoirs et des décisions comparable à une entité divine.
Pour son bon fonctionnement, pour sa performance, l’état, par la technologie de nos jours,
mesure tous les aspects de la société.
L’individu n’est plus que données interchangeable
dans la machine d’état, et l’état le chien du capital. Puis une machine ça ne
se contredit pas, si elle le dit, on ne peut rien faire que se plier, c’est une violence
froide et impersonnelle que la technologie amène à son sommet. Une violence qui s’étend
à d’autres domaines que le travail mais qui sont tout aussi politique, gestion du
territoire, des problèmes sociaux, etc. Faudrait il encore savoir ce que progrès
politique signifie.
Car une avancée, une amélioration, un progrès, ça ne veut rien
dire de précis, tout dépend dans le sens dans lequel il est effectué, et pour qui
il s’effectue, l’on peut être sur que le progrès des dominants, n’est pas le
même que le progrès des dominés. Toute cette technologie, ce progrès, ne fera que
profiter à une classe privilégiée de la société. Sans compter les problèmes écologiques
primordiaux que pose ce progrès, dans sa conception élitiste il ne servira toujours
que les élites, les dominants, malgré tout les bons sentiments derrière lesquels ils
semblent se cacher. Tout cela n’est que récupération qui est flagrante quand on
voit la verticalité avec laquelle ils abordent bien souvent les luttes sociales et le changement
politique. Bien sur, si je critique le progrès ce n’est parce que je suis contre le changement,
au contraire mais je trouve ce concept beaucoup trop flexible et malléable pour un argumentaire
politique. Cette critique de la verticalité est primordiale,
mais il faut bien comprendre que le problème de l’élitisme n’existe pas par les mauvaises
intentions de la classe dirigeante.
Ce sont les déterminismes sociaux qu’implique cette
structure vertical qui reproduit des comportements de classe qui bien sur lutte pour le développement,
selon son propre point de vue et donc pour le propre bien de cette classe. Toute verticalité
persistante implique ces effets. C’est cela la racine même de la lutte des classes, avant
même sa dimension transhistorique. Cette critique de la verticalité était très
présente dès 1968 à travers les mouvements anti-autoritariste et libertaires de l’époque.
Voyons donc ce que cela peut nous apprendre pour aiguiser un discours révolutionnaire
puissant. Mai68 constituent une période et l'une des
ruptures marquantes de l'histoire contemporaine française, caractérisés par une vaste révolte
spontanée antiautoritaire, de nature à la fois culturelle, sociale et politique, dirigée
contre la société traditionnelle, le capitalisme, l'impérialisme américain et, plus immédiatement,
contre le pouvoir gaulliste en place.
Le « Mai français » s'inscrit par ailleurs
dans un ensemble d'événements dans les milieux étudiants et ouvriers d'un grand nombre de
pays. Il ne se comprend pas sans ce contexte d'ébullition générale de part et d’autre
du Rideau de fer, notamment en Allemagne, en Italie avec le « mai rampant », aux États-Unis,
au Japon, au Mexique et au Brésil, sans oublier la Tchécoslovaquie du printemps de Prague
Explosion souvent confuse et complexe, parfois violente, plus souvent encore ludique et festive,
Mai 68 apparaît comme un moment d'illusion révolutionnaire lyrique, de foi ardente et
utopique en la possibilité d'une transformation radicale de la vie et du monde. Ce que refléta
notamment une prolifération de graffiti et de slogans imaginatifs : « Sous les pavés,
la plage ! », « Il est interdit d'interdire ! », « Jouissez sans entraves », « Cours
camarade, le vieux monde est derrière toi », « La vie est ailleurs », « Soyez réalistes,
demandez l'impossible », « Élections, piège à cons », etc…
Pour cette raison, de nombreux analystes après 68 ont décrits ces évènements comme une
révolution individualiste, libéral, qui permit d’ouvrir le marché à de nouveaux
horizons, ceux du désir.
Le rigorisme moral de l’époque victorienne
est liquidé au profit d'une idéologie jouisseuse et d'une production focalisée sur le plaisir
mais largement confisquée par les couches sociologiques les plus favorisées par les
rapports politiques capitalistes. Mais derrière ces slogans il y avait des
thèses plus profondes, la pensée libertaire qui s’ancre dans une liberté collective.
D’inspiration anarchiste et donc critique face à l’état, prônant l’horizontalité,
mais tout aussi critique face au capitalisme et son oppression.
Ce n’est donc pas simplement ce discours, à l’origine libertaire, qui a permit la
mutation du capitalisme. C’est les structures capitalistes qui ont absorbé cet argumentaire
pour leur profit. C’est bien plus des éléments matériels qui ont créé cette récupération
de l’argumentaire libertaire de 68. Plus d’une dizaine de groupe communiste,
anarchiste, et libertaire ont était dissolu après les évènements. Le tertiaire, le
secteur économique des services a énormément augmenté, près de 80% des actifs contre
seulement 34% en 1946 tandis que la part des ouvriers a grandement diminué.
Cela a profondément
déstabilisé la classe et par extension la culture ouvrière. L’identité ouvrière
qui fut une des forces du mouvement, ne c’est pas actualisé. Les systèmes d’éducations
politiques sur les lieux de travail de la classe ouvrières ont étaient bouleversés
dans cette mutation de société. Et Il ne faut cependant pas oublier la nécessité
pour le capitalisme de trouver encore de nouveaux moyens d’étendre le marché et son espace
de domination. Les différent progrès techniques permettant une augmentation de la production,
il fallait bien trouver de nouveaux débouchés, et cela a était ceux du désir et du changement.
Puis, bien sur, le monde du travail qui par la compétition cultive l’individualisme.
Sans compter qu’être l’auteur de propagande anarchiste est resté passible de prison jusqu’en
1992, les éléments matériel sont bien suffisants pour créer cette mutation.
Tout ces éléments
n’étant pas limité à l’année 68, cette évènement est plutôt le lien, l’incarnation
du changement, plus qu’une rupture qui délimiterais deux périodes.
Dans ces conditions, l’argumentaire libertaire, axée sur la liberté collective, a facilement
était assimilé dans un argumentaire libéral, axé sur la liberté individuel, dans un mythe
de la liberté. Un mythe qui explique le monde par l’individu
et sa volonté. Indépendant, sans attaches. Dans une compétition qui serait l’essence
du monde, chacun pour soi, c’est ça la liberté.Comme dans le Léviathan de Hobbs.
L’individu est cette unité irréductible du collectif, produit de sa propre volonté.
Tout évènement s’explique alors par une volonté. C’est aussi cette lecture de l’histoire
ou un seul individu fait la différence. Comme si seuls les actes de Steve jobs avaient suffi
à expliquer les transformations techniques de nos sociétés, comme si c’était lui
qui avait fabriqué tout les iphones avec ces petits bras.
Le monde est alors un chaos
imprévisible dans un cycle de crise/innovation qu’on ne peut anticiper parce que noyé
dans la multiplicité des volontés des individus. Dans cette vision du monde, impossible de
voir les rouages collectifs qui nous enchainent. Impossible de voir une oppression, une domination
comme autre chose qu’une fatalité. Anciennement Fatalité divine par les lois de la tradition
puis fatalité humaine par les lois du marché et de la libre concurrence. Dans cette approche
le chômeur est absolument responsable de son chômage, Le chômage est alors la faute
des chômeurs Le peuple qui n’a que sa force de travail, est alors individuellement condamné
à se salarier.
Dans cette approche, impossible de s’organiser collectivement pour changer
les choses, nous sommes tous seuls, et nous devons changer le monde
Encore une fois ce mythe n’existe pas pour lui-même, il a une nécessité matérielle,
une fonction politique. Ce mythe de la liberté rend simplement désirable cette oppression.
Comme si tout le monde devait devenir milliardaire. Comme si il dépendait de chacun
d’être libre, le rêve américain en somme. Le capitalisme c’est caché derrière un
masque. Son oppression est devenue naturelle à travers ce mythe. Le chantage de la loi
du plus fort est devenu systémique. « Vous avez le choix, travaillez, vous salariez,
ou mourir de faim, Salarié indépendant ou d’entreprise, c’est pareille, vous œuvrez
à « la » croissance. » Ce chantage systémique n’est pas tout puissant, mais face à ce
déséquilibre, face a cette oppression, le choix de chacun est souvent fait.
L’alternative
disparait sans lutte à mort, et c’est ce que vivent tout autour du globe les tribus
et de nombreux mode de vies alternatifs, qu’elles soit à l’état d’initiatives ou d’habitudes.
On peut de plus imaginer la puissance de ce Chantage systémique quand elle profite d’une
gestion omnisciente pour faire valoir son intérêt. C’est, l’on pourrait dire,
toute la subtilité du capitalisme contemporain néolibéral, qui s’accommode très bien
de ce que peut lui offrir l’état. Plus besoin de s’occuper des esclaves un gardien
s’en occupe. L’état c’est le chien de garde du capitalisme.
Encore une fois il faut comprendre que je ne suis pas contre la liberté, au contraire,
elle nous donne des outils conceptuels utiles contre les dérives d’une oppression d’état,
mais je trouve ce concept beaucoup trop flexible et malléable pour un argumentaire politique
incisif.
La chose qui montre encore le mieux a quel
point le mythe du progrès et le mythe de la liberté, ne sont que des illusions, c’est
de voir comment ils se mélangent tout les deux sur la scène gouvernemental, comment
ils s’utilisent selon les besoins, et au sacrifice de toute cohérence. L’état et
le capitalisme persiste par ce double discours. Un mythe du progrès qui se nourrit des travers
du collectif pour les besoins de l’état, et un mythe de la liberté qui abuse d’individualisme
pour les besoins du capitalisme. Ils persistent par un double mythe qui diverge et converge,
notamment à travers la croissance économique. Juste avant de m’attaquer a cet argumentaire
incisif que je vous promets, Il me faut m’attarder sur la fonction du mythe
Même si les limites d’utilisation des mythes sont évidentes, les dérives pouvant être
nombreuses, il me semble que cette rhétorique peut avoir une nécessité, en plus d’une
fonction révolutionnaire.
« L’homme est condamné à donner un sens
a sa vie » Inspiré d’Albert Camus dans le mythe de
Sisyphe Et pour se baser sur quelque chose de plus
solide que la poésie, l’anthropologie nous enseigne que le phénomène religieux est
présent dans toute communauté humaine. L’on peut notamment apprendre dans le livre « et
l’homme créa les dieux » de Pascal Boyer que les mécanismes mentaux qui fondent le
fait religieux est inhérent au fonctionnement de notre cerveau.
Plutôt donc de combattre la pensée mythique uniquement par un rigorisme scientifique,
chose tout à fait pertinente et nécessaire selon le sujet et les conditions du débat,
il me semble qu’il pourrait être aussi très efficace de profiter de la force d’un
mythe.
Mythe qui pourrait fournir un logiciel de penser valorisant l’approche scientifique
ainsi qu’une utopie, un futur désirable nécessaire a toute lutte révolutionnaire. Pour fonder ce mythe, attaquons nous donc
au rapport au temps qu’il implique. Pour rappel il doit concurrencer une ligne du temps
inexorable et supérieur, avec le mythe du progrès, et une ligne du temps chaotique
et imprévisible. Il me
semble alors qu’un mythe écologique ancré dans le matérialisme serait pertinent, un
matérialisme écologique (matérialisme historique-Postpone/écologie social-bookchin).
C’est-à-dire que les
écosystèmes évoluent selon des causes matérielles, tout s’eco-organise selon des conditions
matérielles et sans pour autant avoir de destin supérieur. Cela rejette à la fois
la vision linéaire presque divine du mythe du progrès mais aussi l’imprévisibilité
du chaos. C’est un Cosmos, un chaos ordonné. Le matérialisme est cette approche qui consiste
à utiliser les conditions matérielles pour expliquer les phénomènes. Dans ce sens les
comportements, comme la compétition dans nos sociétés, résultent de conditions matérielles
d’existence, l’oppression du capitalisme, et non d’une réalité supérieur de l’univers
ou de la nature humaine. Les inégalités ne sont pas le fait d’une bonne ou une mauvaise
volonté, mais de conditions matérielles d’existence, d’oppression concrète. Les
diverses formes d’organisation ailleurs et avant en sont la preuve de leur nature
construite. Quand à l’écologie, elle s’attaque à
cette vision verticale des organisations, cette vision simple qui voit comme supérieur
toute relation hiérarchique, verticale, qui ne voit du progrès que dans l’élargissement
du contrôle.
L’écologie étudie les réseaux de relations qu’entretien divers groupes
d’individus et leurs environnements. Elle met en avant la force de la diversité dans
l’adaptation, diversité qui se déploie à l’horizontale.[PLUS :L’entraide kropotkine]
Cette approche brise la prétention verticale et éternelle de toute forme d’état, peut
importe l’idéologie sur laquelle elle se fonde, qu’elle soit nationale ou religieuse
Bien sur les deux notions se recoupent, le matérialisme écologique est presque un pléonasme
qui permet de s’attaquer à ce double mythe dominant, du progrès et de la liberté.
La hiérarchie n’est qu’une construction sociale. Le temps n’a pas de visée inexorable,
le progrès n’est pas éternel, il est construit, et ne vient pas de décisions supérieurs.
L’on renoue avec un certain chaos, mais pas un amat illisible d’individualités
[tas d’homme south park les gluants], plutôt une diversité qui s’organise en collectif,
cultivant l’autonomie Voyons donc maintenant comme ce mythe peut
se traduire dans un discours plus pratique Plutôt qu’un rapport d’accélération,
de vivacité et d’inconnu, on pourrait alors ancrer notre discours dans un temps lent.
Par une approche matérialiste, se concentrant sur les conditions matérielles, le chaos
devient prévisible, le temps ralentit sa frénésie imprévisible.
[montage frenesie
mediatique/lenteur de la nature]Ce temps lent permet de nous attaquer directement au jeu
médiatique qui fonde le game politique. Ce temps lent anéantie le besoin d’évènement
de l’actualité. Essayer de sortir de ce militantisme évènementiel qui fait de chaque
lutte la dernière. Cette urgence nous plonge dans un individualisme qui brise les nécessités
collectives d’un mouvement puissant. Le brouhaha de l’urgence transforme toute action
en initiative veine. On tutoie le présent alors qu’il faudrait le vouvoyer.
Ce climat d’urgence, est d’ailleurs le même qui oppresse nombre d’entre nous au
quotidien dans notre société capitaliste. Ce temps lent, peut donc en plus nous permettre
de proposer une critique qui touche nos tripes, qui propose une alternative à ce que subissent
nos corps et nos esprits. C’est justement dans cette nécessité de ralentir que s’ancre
des mouvements comme la décroissance [homme de cromagnon stupide(high rise intro barbecchien/no
god please no !] Il me semble d’ailleurs que c’est l’une
des victoires de nuit debout. C’est de ne pas avoir créé un évènement mais un lieu,
un autre rapport à la politique qui a toujours nécessité cet ancrage comme pour les bourses
du travail qui ont étaient essentielles pour les luttes ouvrières [l’histoire du syndicalisme
fr sur les bourses] Ce temps lent prend donc une fonction révolutionnaire
déterminante.
Cela permet d’ancrer la révolution dans le quotidien, dans un rapport collectif.
C’est un rapport qui pousse à l’organisation, à la réflexion, des choses essentielles
à une organisation horizontale qui a besoin de temps. Cela permet donc aussi de s’attaquer
à l’ambition verticale de certaine organisation militante. Les centrales militantes servent
depuis plus de 40 ans bien plus de moyen de récupération des luttes que de moyens de
les intensifier, la perspective révolutionnaire étant pour beaucoup abandonnées. De même
pour les alternatives électives, qui n’ont jamais abouti à un changement profondément
structurel. Prenons le temps de s’organiser, de façon horizontale, autogérons les luttes.
Apprenons des formes de gouvernance qui ne soit pas de nouvelles autorités, un nouvel
ordre mais des façons de se coordonner.
Mais bien sur, l’approche matérialiste
implique aussi l’action. Il ne s’agit pas de croire qu’une idée, ou qu’un mythe
puisse changer le monde. Ce sont les conditions matérielles auquel il faut s’attaquer,
et qu’il faut changer. Dans ce sens les têtes de cortège sont l’autre face de
nuit debout, qui met à jours les systèmes d’oppressions, c’est une critique dans
les actes, qui change notre perception de la société. [Plus : comment lutter collectivement]
Pendant plusieurs mois, la critique du capitalisme recouvrée les sujets identitaires qui servent
à cacher sous la diversité des affectes et des volontés, l’oppression du capitalisme.
Ce temps lent ne doit pas projeter le changement dans le futur, au contraire c’est un temps
qui permet de s’ancrer au présent, non aux promesses d’un futur lointain. C’est
un appel à ancrer le changement profondément, à prendre le temps de la réflexion pour
s’attaquer à la racine du système. Il ne s’agit pas de faire de l’écologie,
le nouveau masque de notre hypocrisie.
Les exemples sont déjà nombreux [Les hommes
sont prêt a n’importe quoi s’il pense que sa sauve un arbre] Les arnaques sont nombreuses
dans les modèles collaboratifs aussi. Et sans parler de cette mascarade qui consiste
à cacher l’austérité, derrière des économies de façades. Accroitre l’oppression sous
prétexte de raison écologique, alors que c’est l’oppresseur le principal responsable
est une hypocrisie aberrante que nombres de prétendus écologistes, bloquées dans le
chaos des responsabilités et volontés, utilisent. [l’oiseau mort] Il ne s’agit pas de se
contenter de petites avancées, de changer dans le long terme, Nous n’avons pas ce
temps mais ce temps lent permet d’échapper à l’urgence, la crise dans laquelle prospère
le capitalisme actuel, pour envisager des solutions profondément radicales.
Des solutions
qui s’ancrent dans le tissage de collectif solide, horizontaux, capable de s’autodéterminer
vers l’autonomie dans un rapport plus synchrone à notre écosystème..
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