Aucune entreprise, quelle que soit sa taille, ne sera livrée au risque de faillite Les charges bien sûr ce qui est électricité, eau, on a pu les décaler. En même temps c’est pas une aide, ce n’est que retarder le problème. Sur du chômage partiel il faut savoir qu’on n’a quasiment aucune charge. C’est quelques dizaines d’euros par salarié. Donc c’est du bidon. A l’heure actuelle les grosses on va les aider, on a vu le prêt qu’a pu avoir Renault, notamment, qui commence par ailleurs déjà à délocaliser. Ils annoncé la couleur. Est-ce qu’on va favoriser Renault qui va nous amener une casse d’emplois et de l’autre côté laisser crever les petites structures ? Elles représentent l’écrasante majorité du tissu économique français.
Elles aussi sont “99 %”. Je veux bien sûr parler des petites entreprises. Confrontées à la crise sanitaire, elles sont abandonnées par le gouvernement, qui avait pourtant promis de leur venir en aide. Puisque la banque publique d’investissement avait dit qu’elle allait aider les petites entreprises, j’ai contacté ma banque : une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, sept fois, en lui disant “aidez-moi”. Et là je vous dis, elle m’a appelé uniquement pour me dire "Écoutez, on ne vous aidera pas. Le crédit surtout pas. C’est pas possible. On préfère aider d’autres personnes parce que vous, ça n’a pas d’intérêt.” Je suis un peu désabusé quoi. Et à la fin on s’en fout.
Et le pire c’est que le gouvernement il aide beaucoup d’entreprises et je pense qu’ils ont fait un vrai job là-dedans. Parce que moi je lis des témoignages de gens qui ont été aidés. Mais les tout petits, ils ne vont pas les aider. C’est plusieurs milliers de TPE qui se retrouvent ainsi en grande difficulté, voire menacées de faillite. Et ces “petits” patrons sont dans l’incapacité de se verser fût-ce un petit salaire. C’est le récit de Yann Robin, patron d’une petite boulangerie-restaurant située dans le territoire de Belfort.
Il nous explique sa situation. Une fermeture comme on a subi du jour au lendemain, ça veut dire zéro chiffre d’affaires, avec des charges qui couraient toujours. Donc les charges, tout ce qui est électricité, eau, on a pu les décaler. Sur du chômage partiel il faut savoir qu’on n’a quasiment aucune charge. C’est quelques dizaines d’euros par salarié. Donc c’est du bidon. Moi j’ai réussi, pour mon commerce, à obtenir 1 500€ qui ont été versés sur le compte de l’entreprise. Sauf que quand j’ai regardé avec mon comptable, si je me les versais en salaire, est-ce que je payais des charges ? Effectivement je payais des charges dessus. J’ai décidé de ne pas les prendre et de ne pas me verser de salaire et pas payer des charges sur une aide quoi.
Définie comme une “entreprise nécessaire”, la boulangerie avait été forcée d’ouvrir durant le confinement, à perte. Du fait d’être boulangerie, effectivement on était considérés comme activité essentielle. On a fermé quelques jours au début parce qu’au niveau sanitaire on avait pas les bonnes infos. Donc on a fermé une dizaine de jours, en mars. On avait mis nos sept salariés en chômage partiel, mais notre comptable nous a dit “faites attention, vous êtes boulangerie, et vous risquez d’avoir un problème de contrôle en disant que vous n’étiez pas censés fermer, donc vous n’aurez peut-être plus accès au chômage partiel”. Ca veut dire qu’on va devoir prendre nos salariés en charge et là c’est la faillite direct.
Le problème c’est que l’activité de boulangerie qu’on a rouvert fin mars début avril, était négative. La clientèle n’était pas là à cause de toutes les normes sanitaires qu’on connaît. Donc on avait une grosse perte de chiffre d’affaires en boulangerie, on travaillait à perte. On faisait 150 euros de caisse (par jour) alors que d’habitude on faisait 4 à 5 fois plus. On a un découvert entre 30 et 40 000€, alors qu’on était en positif avant le confinement. Et ça va être difficilement récupérable hein, ce qui est perdu est perdu… Ce petit entrepreneur a tout de même réussi à obtenir un prêt de la Banque Publique d’Investissement, la BPI.
Mais ce prêt relève davantage du cadeau empoisonné, si l’on en croit le témoignage de Yann. Donc on a obtenu 80 000€ pour tenir jusqu’à fin décembre en ayant un prévisionnel économique plus positif que ce qu’il n’est actuellement, donc déjà on s’est trompés. Le problème c’est que ce prêt BPI, en le signant, on n'a jamais eu le taux d’intérêt.
On aura 0,25 % de frais BPI, c’est des frais de dossier, et le taux on le saura seulement dans 10 mois maintenant. C’est un peu irréaliste de signer ça. Si une personne lambda signe un crédit voiture et n’a pas le taux sur son contrat personne ne le signerait. Sauf qu’on nous l’a imposé comme ça. Donc on verra le taux on ne sait pas, ça peut être 1 % comme ça peut être 6, 7, 8 %. Ce qu’on espère c’est ne pas taper dedans. Le problème c’est qu’on va être obligés de taper dedans parce que là on avait décidé de licencier en accord avec nos salariés, parce que c’est le seul levier financier qu’on a, c’est de licencier. C’est les seules charges qu’on pourra enlever. Sauf que quand on a demandé à notre comptable, pour licencier une première personne avec qui on s’était arrangés, donc c’était un licenciement économique qu’on a demandé, y a de grandes chances que ça n’aboutisse pas.
On n’y aurait pas droit. Parce que du fait qu’on a emprunté, on n’est “plus en difficulté”. Voilà l’aberration. Entre un gouvernement à côté de ses pompes et les banques qui n’en font qu’à leurs têtes, la situation est grave pour une multitude de TPE comme celle de Yann. Ces entreprises devaient en théorie recevoir ce qu’on appelle un “prêt garanti par l’Etat”, un PGE. Une mesure d’aide aux entreprises. Sauf que beaucoup de ces TPE se voient refuser le prêt par les banques. C’est ce que nous explique Sébastien Alaire qui, avec son association Banques-infos-recours, est spécialisé dans les litiges bancaires. Le prêt garanti par l’État c’est les mesures qui ont été mises en place par le gouvernement.
C’est des prêts que l’Etat garantit jusqu’à hauteur de 300 milliards sur toute la France, qui sont dispensés par les banques. Mais le problème qu’on a c’est que, sur les TPE, donc les petites structures, c’est quand même le poumon économique du pays, on touche une masse de population qui est colossale. Sur l’étude du CNTPE, on a à peu près 50% des entreprises qui l’ont demandé et 15% de refus. On nous annonce du prêt à taux zéro mais il est à taux zéro uniquement la première année. L’an prochain le taux d’intérêt sera celui qui sera connu. Donc on voit déjà qu’il y a des soubresauts, les taux immobiliers qui commencent à remonter, donc de combien sera effectivement ce fameux PGE l’an prochain ? Personne n’en sait rien.
Si on a un peu de récession, un peu d’inflation, de la récession on va en avoir beaucoup d’ailleurs, Bruno Le Maire misait sur 11 % de PIB en moins, donc 11 % de récession on peut avoir de l’inflation sur les taux d’intérêt à laquelle l’État se refinance. Et tout ça influe sur le taux pour l’entreprise. Mais comme bien souvent depuis le début de cette crise, si ce n’est depuis le début du quinquennat, le travail semble n’avoir été fait qu’à moitié, par le gouvernement. On aurait d’ores et déjà pu annoncer du taux zéro parce qu’à l’heure actuelle, l’argent qui est versé aux entreprises aujourd’hui, les banques empruntent, elles le savent à combien elles empruntent le capital. Elles sont refinancées à taux zéro par la BCE. Donc on aurait pu annoncer du taux zéro pour toute la durée du PGE.
Les emprunts PGE qu’on fait prendre aux structures, c’est pas de l’investissement, c’est de l’emprunt pour payer de la charge. C’est juste pour aérer la tréso. C’est une perfusion inutile. A la limite faut aller sur du vraiment pragmatique, c’est à dire année blanche en terme de charges ce qui va être une vraie aide. On stoppe l’hémorragie de charges donc on évite de mettre ses montants dans le PGE par exemple. Donc on donne une vraie chance de reprise. Sébastien Alaire et son association veulent également alerter les élus sur un autre problème : les frais bancaires. Pour Sébastien, c’est un abus de la part des banques. Ces frais peuvent coûter jusqu’à plus de 10 000€ par an, selon les cas.
Une somme synonyme de mort, pour les petites entreprises. On a sollicité un député de la majorité, on lui a remonté la situation des entreprises, ce petit entrepreneur qui maintenant est en redressement avant une très probable liquidation, qui s’est fait assassiner de 7 à 8 000€ sur l’espace de 8-9 mois. Maintenant il est rendu au tribunal et puis c’est parti pour qu’il se retrouve sans rien dans quelques mois. On est entré en contact avec Monsieur Corbière, on lui a remonté les mêmes genres de documents. La vie des gens que ce soit pour les salariés qui perdent un mois de revenu en frais bancaires, c’est un racket pur et simple. La banque vient capter une dizaine de milliers d’euros, ce monsieur en l’occurence il en a subi sur 3 ans donc on est à peu près à 30 000€. Donc ces 30 000€ là c’est ce qui lui manque pour pouvoir continuer à bosser, à vivre.
Parce que 10 000 euros pratiquement de frais bancaires sur l’année, pour un petit entrepreneur, mais c’est son salaire pratiquement. C’est son salaire. La situation pour les TPE françaises est préoccupante. Ainsi la Fédération des Artisans, Commerçants, Artistes et Intermittents des Métiers de l’évènementiel, une association dans laquelle se retrouvent beaucoup de petits entrepreneurs, appelle le gouvernement à l’aide. Ils ont d’ailleurs lancé une pétition, dont le lien s’affiche en bas de la vidéo, dans la description. Écoutez ce que nous dit Danielle Houllière, secrétaire-adjointe de l’association.
Je suis artisan à la chambre des métiers du Var et commerçante sur des fêtes médiévales. C’est une activité saisonnière, on commence nos médiévales à partir de mars et on finit en octobre. On travaille avec les communes puisqu’on a des contrats. Les communes, vu les directives qui ont été données, les décrets. Ces communes ont eu très très peur et ont préféré annuler. Donc j’ai eu des médiévales qui sont annulées de septembre carrément. Je pense qu’ils ne sont pas conscients que notre corporation n’a rien. Zéro chiffre d’affaires. Moi j’ai une maison à payer, j’ai acheté un camion l’année dernière à crédit. Il faut que je le paye ce camion, puisque moi c’est mon outil de travail.
On a des charges fixes, et le seul moyen pour nous de faire quelque chose c’est de demander le RSA, ce que j’ai fait. Ca ne m’est jamais arrivé, ça fait plus de 20 ans que je suis à mon compte. Moi je vis seule, mon entreprise, c’est ce qui me fait vivre je n’ai pas de conjoint, je n’ai pas un double salaire, je n’ai pas l‘âge de la retraite… J’ai 490€ de RSA. Quand on sait qu’on ne va pas retravailler avant mars ou avril 2021, c’est terrible. "Sans salaire, sans aide, sans chômage. Nos charges demeurent et l’investissement est bloqué, dans nos ateliers bloqués" écrit Danielle Houllière dans une lettre envoyée au ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire.
L’association demande en outre au gouvernement à ce que artisans et commerçants puissent être éligibles aux indemnités journalières et que le fonds de solidarité reste maintenu jusqu’à la reprise de leur activité. Sans quoi des milliers de petits entrepreneurs et leurs salariés, pour ceux qui en ont, pourraient se retrouver plongés dans la précarité..
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